Mes vacances sont, pour ainsi dire, finies. Restent quelques jours : derniers préparatifs, achever Bel-Ami, grand coup de fouet sur les bases de ce cher ami Latin et bouclage fatidique de la valise, remplie de vêtements.
Mes vêtements, mes livres, mes kilos de pâtes. Ma vie. Cela donne une impression de renaissance, faire tenir une existence dans une clio.
Existence (répète-t-elle en ricanant). J'ai 18 ans et deux mois, et comment m'ôter de la tête l'idée que tout est déjà joué ? C'est ridicule, je vais vivre encore, et longtemps (j'espère bien). J'ai seulement besoin d'un basculement radical pour entrevoir des possibilités. Je n'ai aucune idée de ce que je serai plus tard, c'est ce qui fait que je me sens bloquée, finie. Ce n'est pas que j'hésite, que j'envisage plusieurs futurs, certains préférables à d'autres. Je ne sais rien, je reste incapable de me représenter.
Au fond, j'ai hâte que la prépa commence. Oui, j'aurais voulu me reposer plus. Je déconseille fortement de travailler tout l'été avant les études supérieures. Je n'ai pas eu le choix, je sais que peu l'ont, mais c'est une horreur, il faut le dire. Oh, pour ça, je n'ai pas vu le temps passer, à peine le temps de stresser devant les piles de livres non lus, les progressions promises non mises en oeuvre ! Je suis toujours aussi nulle en espagnol (tous les jours c'est un nouveau mot idiot que je ne peux pas traduire, aujourd'hui c'est "heureux") et j'ai certes lu un pavé sur l'Histoire Grecque mais rien fiché, rien retenu. Je suis fatiguée et je sens que j'ai besoin de repos. Peut être pas la meilleure des prédispositions à l'entrée en hypokhâgne. Tant pis, on fait avec. Encore heureux que je puisse me permettre de la faire, cette prépa.
Il n'empêche que (oui, j'ai fini de m'apitoyer sur mon pauvre sort) je suis pressée que tout commence. Un peu anxieuse, oui. Je demande juste à être fixée. Je veux qu'on me dise si je suis perdue ou brillantissime.
Comme si ça valait quelque chose. Notez donc, entre "matérialiste" et "lunatique", que Pom est soumise à l'opinion d'autrui.
Je suis censée disposer d'internet dans ma cellule. A très bientôt, donc.
Commentaires
En efecto ! Mais vois-tu, en plein devoir, j'aurais enragé pendant des heures, l'ayant juste sur le bout de langue (y'a ça, et aussi le fait que je sois vraiment médiocre. L'anglais me console).
Merci énormément pour tes... compliments (le terme est un peu trop doucereux à mon goût) : ils m'ont donné un grand sourire niais et sont plus efficaces que tous les cachets d'euphytose que je peux prendre pour me rendre confiante et heureuse !
J'approche dangereusement des 30 ans, et j'en suis encore à hésiter entre les futurs possibles... En même temps, je suis un peu trop schizophrène pour ne choisir qu'un chemin...
Puisse le temps t'éclairer, et puisses-tu effectivement avoir accès au net dans ta cellule, que je puisse venir encore sourire en venant lire tes billets.
En tous cas, mon avis ne vaut pas grand chose, je ne suis pas employé de la fac, mais j'adore ton style d'écriture et ta façon de voir les choses. alors ce n'est peut être rien pour toi, mais à mes yeux ton degré d'analyse est déjà brillantissime.
La majorité des gens sont des crétins qui lisent les bouteilles de Destop dans leurs toilettes en guise de soutien de Français.
Puissent tes mots continuer de me faire émerger avec le sourire le dimanche matin.
PS : "Heureux", ce serait pas "feliz" en espagnol ? A moins que ce soit "joie" (c'est loin, je me trompe peut-être)